« POLYRYTHMIE »
Exposition du 18 septembre au 19 octobre 2025
Vernissage le jeudi 18 septembre 2025 à partir de 18h30
L’exposition Fragments en suspens présente le travail pictural d’Antoine Brot, diplômé de 3ème année des Beaux-Arts de Paris en 2025. Sa pratique explore les possibles de la peinture à partir de traces, de gestes accidentels ou imprévus, accueillis comme déclencheurs du processus créatif.
Chaque toile naît d’un dialogue avec la matière : coulures, effacements, repentirs ou surgissements aléatoires deviennent la structure même de la composition. L’artiste conçoit ses peintures comme un champ d’expérimentation, où se superposent strates, ruptures et rééquilibrages.
Refusant une peinture figée, Antoine Brot privilégie le mouvement et la transformation. Ses oeuvres se construisent en séries, dialoguant entre elles, parfois modifiées après un temps de retrait.
Elles ouvrent un espace discontinu où chaque image appelle la suivante, comme une fenêtre vers un univers en expansion.
L’artiste parle de « chimères », formes hybrides et fragmentaires, jamais totalement affirmées, mais toujours en devenir. Ce travail interroge les limites entre figuration et abstraction, réel et imaginaire, visible et suggéré. Les motifs récurrents — perles, sphères, drapés ou feuillages — apparaissent comme des fragments en apesanteur, porteurs d’une mémoire ou d’une absence.
On pourrait rapprocher la démarche d’Antoine Brot de celle de Ellen Gallagher, dont les oeuvres associent strates, effacements et motifs récurrents pour produire des images hybrides, entre figuration et abstraction. Comme elle, il met en tension surface et profondeur, mais s’en distingue en privilégiant l’accident et l’imprévu comme moteur initial du tableau.
Son approche dialogue aussi avec les expérimentations de Mark Bradford, qui construit ses toiles à partir de couches successives, de fragments et d’effacements. Là où Bradford travaille à partir de matériaux urbains et sociaux, Antoine Brot s’oriente vers une dimension plus cryptée et poétique, où les formes apparaissent comme des chimères suspendues.
Enfin, son travail évoque par certains aspects celui de Charline von Heyl, qui explore les limites de l’image et de l’abstraction par des repentirs et des recompositions permanentes. Antoine Brot partage avec elle cette logique de métamorphose, mais son univers se distingue par la recherche d’une intemporalité flottante et de motifs talismaniques.
Cette peinture se situe dans un entre-deux, où la métamorphose du corps et des formes devient le lieu d’une expérience sensible. Elle se rapproche des mots de Paul Valéry : « Ce qui est le plus profond dans l’homme, c’est la peau.»*
Par cette démarche, Antoine Brot ouvre un champ pictural où la matière, en perpétuelle mutation, conserve la trace de ses propres transformations.
* Tel quel de Paul Valéry publié en 1929