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Six sculpteurs et trois peintres délivrent leur message artistique du 19 octobre au 3 décembre à la galerie À l’Écu de France.
Créatures extraordinaires, sources d’admiration ou de peur, les animaux n’ont cessé, depuis la nuit des temps, de fasciner les êtres humains par leur diversité, leur beauté et leur comportement unique. En les représentant de manière réaliste dans leur environnement, les premiers naturalistes ont contribué à la connaissance de la faune et de la flore et, d’une certaine manière, à leur préservation. Au-delà de cette approche scientifique, sculpteurs, peintres et autres artistes ont eux aussi plongé dans ce bestiaire au potentiel plastique et poétique inépuisable. Souvent utilisés comme symboles pour représenter la force ou le pouvoir, parfois représentés avec des caractéristiques humaines pour mettre en évidence la noblesse ou la grandeur d’âme, cette identification entre l’homme et l’animal n’a pas fini de livrer sa vérité. Derrière l’un se cache toujours l’autre.
Comme leurs prédécesseurs, les neuf artistes invités à Viroflay nous invitent, chacun à leur manière, parfois avec une pointe d’humour et toujours sans en avoir l’air, à réfléchir sur notre place dans le monde et sur notre responsabilité envers la nature. Voire, à développer une plus grande sensibilité envers ces êtres vivants avec lesquels nous partageons notre planète et auxquels nous volons chaque jour un peu plus de leur territoire. D’une technique à l’autre, c’est surtout d’eux-mêmes et de nous-mêmes que les artistes animaliers parlent. Ils nous rappellent que nous faisons partie d’un écosystème complexe, où chaque être vivant a sa place et sa valeur.
Malaurie Auliac, Malo A. sous son nom de peintre, se passionne pour la faune sauvage, qu’elle peint sur des panneaux de bois dorés à la feuille d’or ou de cuivre. Entre icône religieuse et hyperréalisme, ses tableaux sont comme autant de bijoux rares, à observer avec émerveillement et précaution.
Portant chasubles, cornettes ou coiffes, dans une attitude empreinte de sagesse, évoquant les primitifs flamands, les animaux représentés sur fond noir par Dominique Damarzit, paraissent tout à fait conscients et satisfaits de leur rôle. Comme une revanche en forme de clin d’œil, ils semblent au contraire nous interroger en silence du haut de la toile.
Le bestiaire sauvage peint par Christophe Drochon, porte en lui les interrogations et les émotions de l’artiste. Comme trempé dans la lumière, son pinceau hyperréaliste veut exprimer la sortie de la nuit, le réveil à la vie, mais surtout nous transmettre sa foi en l’humanité et en l’amour. Fruit d’une technique originale et précise, les sculptures-découpées sur bois de Thierry Kolb, se jouent elles aussi de l’ombre et de la lumière. Un jeu de nuances d’où émanent une force purement animale et une profondeur plus humaine. Plus aériens, mi-flore, mi-faune, les êtres hybrides créés par Astrid de Geuser semblent jaillir d’un conte fantastique. Ses antilopes aux corps racines ou ses écureuils-fleurs tendent à illustrer la relation symbiotique entre le végétal et l’animal afin d’éveiller notre conscience du vivant. Inscrite dans la même démarche d’assemblages incongrus, Audrey Labrot associe, sculpte et peint, pots de yaourt, pneus, capsules de bouteilles, chutes de cuivre et autres matériaux, aux plumes de poules, aux poils de chiens ou de chats, pour donner corps à un bestiaire plus vrai que nature.
Les êtres sauvages saisis dans une attitude singulière par Anne Moreau-Vagnon libèrent leur force et leur fragilité au travers de la terre qu’elle modèle et du fil de coton qu’elle fait courir sur leur corps, à la manière d’une délicate armure, diaphane et insuffisante face aux dangers qui les guettent… La dérision et l’humour de Capri sont quant à eux joyeux prétextes à la poésie. Ses sculptures d’animaux en grès qu’elle décore à l’engobe délivrent leurs messages à la manière d’un sourire. On retrouve ce regard malicieux dans les trophées d’animaux en papier de Marie Talalaeff, comme un clin d’œil à ses compagnons de toujours.
« Animal » est le premier volet d’une exposition consacrée aux animaux. Comme un moyen supplémentaire pour mieux comprendre et apprécier le monde animal, mais aussi pour nous interroger sur notre propre humanité et notre rapport à la nature.