Du 1er au 10 décembre 2022
Galerie de Prép’art le passage
Le travail de Chloé Elmaleh comme celui de Nicolas Degrange procède d’abord du regard. Portant une attention particulière à ce qui les entoure, ils s’en emparent. Par ce geste de collecte, aussi par un souci du matériau lambda, quotidien, tenant souvent de l’infra-mince, ils travaillent à déplacer l’ordre usuel des choses. Les objets et les matériaux qui composent les pièces de Chloé Elmaleh sont soustraits à leur routine, mis en oeuvre dans des situations qui en suggèrent de nouvelles activations.
Chloé Elmaleh ne fabrique pas tant qu’elle ne dispose, en étant attentive à ce qui se passe ou va se passer. Parfois, les formes que prennent ses sculptures témoignent
du processus de création – comme cette bougie qui, en chauffant au soleil, s’est lovée sur l’angle du bureau, le dispositif suggérant que celle-ci pourrait encore continuer à fondre. D’autres de ses pièces se donnent aussi comme des agencements à la limite de l’équilibre, et invitent à une tragique résolution : l’activation de leur chute, en tirant sur une ficelle ou en allumant une mèche. Chloé Elmaleh conçoit des constructions fragiles qui opèrent comme des
pauses dans le continuum de l’évènement, laissant toujours ainsi en suspens un moment fatidique, à venir ou passé.
Des points de tension entre ce que la forme nous dit qu’il est advenu et ce qu’elle nous fait attendre encore.
Nicolas Degrange fonde sa pratique picturale en analogie avec le field‑recording et la musique concrète, laquelle trouve son matériau dans les corps sonores, captant au micro des sons éventuellement manipulés après enregistrement.
Lui, collecte des images et des objets qu’il repère pour leur charge picturale et vient ensuite leur donner forme à travers différents supports. Face à la série des Sunsonic, l’on pourrait d’abord penser que l’acte pictural est déduit du châssis circulaire, tant le rayonnement du dégradé rejoue la forme du disque. Mais c’est bien l’inverse qui est joué : c’est d’abord la toile, peinture trouvée, qui lui a permis d’en déduire la forme de son support.
Commissaire de l’exposition : Benoit Géhanne
Nicolas Degrange et Chloé Elmaleh